mercredi 13 septembre 2017

Il y a celles qui mangent leurs émotions, et celles qui ne mangent rien du tout

Bonjour à tou.s.te.s ! 

(je m'essaie à l'écriture inclusive alleeeez ! XD)

Pfiou... des mois d'absence, des mois à m'être complètement détachée de la blogosphère, pour mener à bien d'autres projets, mais aussi parce-que j'avais besoin d'espace.
L'envie de revenir me titille de plus en plus. Je vais donc aborder aujourd'hui le sujet de l'acceptation de soi, et surtout les diktats de la minceur, à travers ma propre expérience. Pardon si l'article n'est pas magnifiquement écrit mais il est minuit et le sommeil commence à venir :-)

Je vais donc parler de troubles alimentaires, mais pas que. Je n'ai pas personnellement connu l'anorexie et préfère ne pas donner de conseils à des personnes en souffrance.

Quand j'avais 14 ans, j'étais un peu "ronde" (59 kg pour 1m65 quel drame !), mais je n'ai jamais atteint le stade tant redouté du "surpoids". Pourtant, quand je me regardais dans la glace, je me dégoûtais. Je n'arrivais par ailleurs pas à m'empêcher de "m'empiffrer". Ma relation à la nourriture a toujours été compliquée : petite, mes parents riaient en me voyant me servir. J'avais les yeux plus gros que le ventre, je faisais des réserves, j'avais peur de manquer. Cette attitude face à la nourriture a duré, et à quatorze ans, lasse de me sentir coupable à chaque fois que je mangeais un peu trop et que je me sentais "pleine", j'ai commencé à me faire vomir.
La première fois m'a paru tellement simple... C'était désagréable sur le coup, mais cela me donnait une sensation de contrôle, remettait les compteurs à zéro, je me sentais bien.
J'ai recommencé pendant quelques semaines, ou quelques mois (impossible de le dire). Presque tous les jours. De temps en temps, je le faisais pour soulager mon anxiété. ça fonctionnait... Pour un temps seulement. Je n'ai même pas perdu de poids à cette période.

Quand j'ai eu 16 ans, j'ai commencé à moins manger à la suite d'une période de stress (voir l'article sur la question) et j'ai perdu 5 kg. Je me suis stabilisée à 54-55 kg pendant quelques mois, et n'ai pas recommencé à vomir.

A 18 ans, cependant, et sans aucun signe avant coureur, tout a recommencé. A l'époque, ma meilleure amie (que je ne fréquente plus aujourd'hui) et moi étions éternellement "en compétition". A qui aurait les meilleures notes, à qui séduirait untel la première... A qui perdrait le plus de poids. J'ignore qui a réellement instauré cette compétition, mais si l'une faisait quelque-chose, l'autre se sentait obligée de surpasser la première, en tout cas c'est ce que je ressentais. Donc quand nous avons commencé à aller à la piscine ensemble, toutes les semaines, et à "faire un régime", je voulais absolument atteindre un certain objectif de poids pour "faire mieux qu'elle" (complètement stupide : 49 kg pour 1m69 !)

Bref, j'ai commencé à jeter les 2/3 de mes salades de pâtes du midi (désolée maman), je ne mangeais plus qu'un ou deux repas par jour et hypocalorique, et forcément la perte de poids a été assez significative : au plus bas, 52,5 kg pour 1m69. Ci-dessous je devais être à 53 :


Je ne suis pas forcément extrêmement maigre sur la photo, mais dans les faits, je commençais à - par rapport à ma morphologie - devenir "trop mince" avec un IMC à 18 et le pire, c'est que je me trouvais obèse. Heureusement, ma mère m'a dit "stop" alors que je semblais commencer doucement à me diriger vers le chemin de l'anorexie sans m'en rendre compte. Des membres de ma famille m'ont dit d'arrêter de perdre du poids, ma mère s'est mise à contrôler ce que je mangeais, et j'ai repris quelques kilogrammes.

Tout récemment, je faisais 60,5 kg pour 1m69 et j'ai voulu recommencer à maigrir un peu. Je ne sais même plus comment, ni pourquoi - sûrement du stress, à la suite d'une période de déprime en début d'année - mais j'ai recommencé à me faire vomir. J'avais des crises de boulimie incontrôlables : envie de manger tout et n'importe quoi, mains qui tremblent, énervement contre quiconque oserait m'empêcher de m'empiffrer... Je suis allée jusqu'à insulter ma famille dès lors qu'elle osait la moindre remarque du style "fais attention, tu manges trop". A la suite de problèmes de coeur vers mai-juin, ces crises et ces vomissements à répétition devenaient pour moi une manière de me purger, d'effacer la peine que je ressentais.

Aujourd'hui, je fais 55 kg et je crois que j'ai - tout juste - commencé à comprendre ce qui n'allait pas.


ça, c'était pour la partie "racontage de vie". J'ai compris, seulement récemment, l'impact des médias sur notre image. Mais aussi l'impact des - trop nombreuses - vidéos de bouffe, la plupart du temps bien grasse, qui pullulent sur les réseaux sociaux. J'ai compris qu'avoir un peu de ventre, c'était normal. Parce-qu'on est pas juste de la peau à l'extérieur : à l'intérieur, on a des organes, des os, bref tout ce qui fait qu'un corps fonctionne. Parce-que faire une taille 32 ce n'est pas - toujours - sain. Et que chacun a un "poids de forme" et un métabolisme qui lui est propre : aller à l'encontre de ce qui représente pour NOUS-MÊME et uniquement pour nous NOTRE normalité, ça ce n'est pas sain.

Ma normalité à moi ce n'est pas de faire 52 kg ou moins : c'est d'en faire entre 55 et 58, de manger du fromage une fois par jour, de ne pas faire de sport parce-que "la flemme", de me coucher à 2h et de me lever à midi. Et je suis heureuse comme ça, plus heureuse que je ne l'ai été depuis longtemps... Je ne veux plus perdre, je ne veux plus compter les calories, remettre le doigt au fond de ma gorge et me faire mal, ressentir le goût de la bile et celui de la honte après avoir vomi.

Ces derniers mois, j'ai recommencé à m'alimenter correctement : j'ai commencé par me désabonner des pages type Tasty, Tasty Miam, Proper Tasty et compagnie, puis des comptes foodporn et fitness sur Instagram. J'ai commencé à boire beaucoup d'eau (un peu trop *wink à quelqu'un qui se reconnaîtra*). J'ai commencé à manger plus varié, à cuisiner à nouveau, et ce sans jamais me priver. Parce-que si j'ai envie d'un kebab, je mange un kebab. Merde.

Certains disent que suivre des comptes fitness, des comptes de filles "parfaites", etc. c'est "motivant". Moi, ça m'a poussée au fond du gouffre, et je n'ai pu m'en relever qu'en reconsidérant ce qui était la "normalité", en m'éloignant des réseaux sociaux pendant quelques temps ou du moins de certains comptes, et en arrêtant de faire la chasse aux calories. J'ai pour cela pu bénéficier de l'aide de quelqu'un, une psychologue, et je me remercie d'avoir fait ce geste. 

Je voulais, à travers cet article, mettre l'accent sur le lien entre boulimie / addiction alimentaire et réseaux sociaux. J'ai moins de crises depuis que je me suis éloignée de ces comptes "toxiques". J'ai encore des fringales, évidemment, des moments où ça ne va pas du tout parce-que je n'ai pas ma "dose" de nourriture, mais ça reste gérable.

N'hésitez pas à me faire part de vos expériences. Avez-vous connu un trouble alimentaire ? Comment vous en êtes vous sorti.e.s? Avez-vous remarqué un lien entre les images que vous voyez sur les réseaux sociaux et votre manière de vous alimenter ?

A très bientôt (enfin... si j'arrive à me discipliner)